La Commission européenne propose de déclasser le statut de protection des loups contre les preuves scientifiques et la gouvernance démocratique
Ce mouvement pourrait compromettre gravement les efforts déployés pour le rétablissement des loups dans l’UE, dans la mesure où cela donnerait aux États membres plus de flexibilité pour autoriser l’abattage des loups, menaçant ainsi davantage leurs populations, qui sont essentiels à la protection des écosystèmes. Au cours de la dernière décennie, les efforts de rétablissement ont abouti à une augmentation de 25 % de l’aire de répartition du loup, les loups étant désormais présents dans tous les États membres continentaux. Ce succès reste cependant fragile avec 6 des 9 populations de loups transfrontalières dans l’UE n’ayant pas encore atteint un état de conservation favorable.
Aujourd’hui, il y a une estimation de 20 000 loups dans l’UE, un contraste saisissant avec les 86 millions de moutons élevés. Entre 2012 et 2016, le nombre annuel de moutons indemnisés pour cause de déprédation par les loups correspondait à 0,05% du cheptel ovin hivernant alors que le risque d’attaques contre des humains est très faiblecomme les loups habituellement éloignez-vous lorsque vous nous rencontrez. Comme en témoigne le analyse publiées parallèlement à la proposition, les méthodes de prévention se sont révélées efficaces. En Allemagne, où le nombre de loups a le plus augmenté, le nombre de bêtes tuées ou blessées a diminué de 15 % en 2021 grâce aux mesures préventives.
Cette décision également va à l’encontre de l’opinion des habitants des zones rurales de l’UEqui ont souligné leur large soutien à la protection des loups et des grands carnivores : dans un récent enquête parmi 10 000 Européens dans 10 États membres, 68 % déclarent que les loups doivent être strictement protégés et 72 % conviennent qu’ils ont le droit de coexister. Ceci est étayé par l’analyse des CE dans laquelle 71% des participants sont favorables au statut de protection strict du loup. Il est important de noter que 65 % des agriculteurs soutiennent cette protection stricte, tandis que seul 1 agriculteur sur 3 (33 %) se sent bien représenté par les groupes d’intérêt agricole et seulement 46 % des chasseurs se sentent bien représentés par les groupes d’intérêt cynégétiques, ce qui remet en question la représentation appropriée des populations rurales dans les processus décisionnels de l’UE, qui sont souvent fortement influencés par ces groupes.
La proposition est également en contradiction avec la position constante de la Commission européenne en faveur de la coexistence. Le statut de protection actuel des loups est toujours défendu par la CE lors de la réunion AGRIFISH de septembre 2022, ainsi qu’au 42e Comité permanent de la Convention de Berne, en novembre 2022. La CE a également réitéré son engagement fort en faveur de la protection des grands carnivores. en mars 2023.
La décision intervient quelques jours seulement après près de 300 ONG ont exhorté la CE à fonder sa décision de protection sur des preuves scientifiques. Si elle est adoptée, la proposition pourrait ensuite être votée par les parties à la Convention de Berne lors de la prochaine réunion du Comité permanent en décembre 2024.